Aimé Césaire


Prospero, tu es un grand illusionniste:
le mensonge, ça te connaît.
Et tu m‘as tellement menti,
menti sur le monde, menti sur moi-même,
que tu as fini par m’imposer
une image de moi-meme:
Un sous-développé, comme tu dis,
un sous-capable,
voilà comment tu m’as obligé a me voir,
et cette image, je la hais! Et elle est fausse!
Mais maintenant, je te connais, vieux cancer,
et je me connais aussi!
Et je sais qu’un jour
mon poing nu, mon seul poing nu
suffira pour écraser ton monde!
Le vieux monde foire! 

Aimé Césaire

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